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Le parc

J’habite en face d’un parc, au sommet duquel trône une petite église au clocher gris, dont l’accès est empêché par une grille accordéon toujours fermée. Une longue sente pentue mène à cette unique bâtisse, bordée de hauts cyprès vaillants et de jeunes oliviers.


Ce parc est un havre de paix au sein de mon quartier, bien qu’il soit entouré d’un réseau de rues dont on perçoit le bruit de la circulation plus ou moins intense selon l’heure, le jour de la semaine et le vent.

On ne s’y balade qu’au prix d’efforts incessants tellement les chemins sont raides, par conséquent il n’est pas très fréquenté. Les enfants sont cantonnés aux aires de jeu situées à proximité des entrées, sur le bas du parc, alors que les visiteurs adultes cheminent par les escaliers, les pentes herbeuses et les chemins rocailleux.


C’est un lieu où poussent différentes essences d’arbres. Pins parasols, chênes centenaires, quelques cèdres du Liban, acacias… Certains bosquets fleurissent abondamment au printemps et exhalent un parfum suave et sucré dont raffolent les abeilles. En été les sous-bois sont arides, la terre sèche et dure affleure entre les aiguilles de pin grillées par le soleil. Les autres mois de l’année, l’herbe drue, parsemée de fleurs de pissenlits et de pâquerettes, offre une assise moelleuse et légèrement humide.

C’est le royaume des pies, des corbeaux, des écureuils et des piafs bavards. C’est aussi le pays des cigales qui stridulent de juin à août. Les retraités du quartier et autres amateurs de pétanque s’y rencontrent, des joggers affublés d’écouteurs y courent quel que soit le temps, des chiens baladent leur maître accroché à un téléphone. Parfois une classe entière de gamins sillonne le parc, absorbée dans une chasse au trésor ou se rassemble autour d’un pique-nique. Et il y a des personnes comme moi, sans chien ni envie de courir, juste à la recherche d’un peu de tranquillité, de verdure et d’espace.


J’avais un temps envisagé d’emmener mon tapis de yoga pour l’étaler sur un coin d’herbe. Mais il n’y a aucun endroit suffisamment plat pour pratiquer en dehors de rares zones asphaltées et passantes.

Alors selon les jours et selon l’humeur, je flâne le long des petits sentiers qui traversent la pinède à flanc de colline ou je marche rapidement, gravissant les côtes d’un pas alerte, le souffle court. Je ne suis pas une grande marcheuse dans l’âme -d’ailleurs, les villégiatures en montagne se résument plus en baignades qu’en balades- il me faut donc souvent me raisonner pour ne pas m’assoir sur chaque banc que je rencontre.


J’aime ce parc. Parce qu’il est à deux pas de chez moi. J’y respire ces odeurs de sous-bois après la pluie ou de résine chauffée par le soleil d’après-midi. Le chant des cigales au plus fort de la saison offrent sur différents tempos une vraie cacophonie à mes oreilles. J’adore être seule à arpenter les sentiers tôt le matin, le soleil à peine levé. Je me sens toujours comme une petite fille le jour de Noël lorsque je croise un écureuil, le surprenant dans sa course au sol ou bondissant d’une branche à l’autre loin au-dessus de ma tête. Il m’arrive de cajoler un chien qui s’enhardit à renifler mes mollets ou qui quémande une caresse. Et souvent, je m’allonge sur l’herbe grasse pour y réfléchir tranquillement, les yeux plongés dans l’azur du ciel.


Ce parc est un cadeau à portée de main. Lorsque je sens qu’il devient impératif de prendre l’air, c’est toujours vers lui que mes pas me portent, même si parfois je dois me motiver un peu pour chausser mes baskets. Nul n’est parfait.


Et toi, c’est quoi ta balade préférée ? Raconte-moi…


A bientôt !


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