Fin janvier, j’ai expérimenté un atelier d’écriture, animé par Brigitte Brami. Celle-ci a donné pour consigne de penser à un danger, réel ou imaginaire et de traiter ce sujet en quelques lignes pendant 30 minutes.
Je te livre mon texte...
« Il fait noir.
Je suis une petite fille de 6 ans et la nuit, toutes les nuits, j’ai peur.
Tout ça, c’est la faute à ma cousine, une grande perche blonde avec des couettes et une imagination débordante.
Ça se passe pendant les grandes vacances, dans une maison de village qui appartenait à feu mes arrière-grands-parents paternels. C’est une petite bicoque où les pièces se succèdent en hauteur, entassées l’une sur l’autre et basses de plafond. Du rez-de-chaussée qui fait office de cuisine, un escalier en colimaçon permet l’accès aux chambres puis au grenier.
C’est dans l’une de ces chambres, perdue dans un grand lit de draps rêches et froids, que je tremble de peur nuit après nuit cet été-là.
En fait, j’ai peur du loup. Celui qui, par la grâce du récit qu’en a fait ma cousine, se matérialise sous mon lit par je ne sais quelle magie funeste dès la nuit tombée. Un loup gigantesque, avec des crocs luisants, des yeux méchants et une haleine de chacal.
Tous les soirs une fois en pyjama, je jette un œil sous le sommier à ressorts, encore habitée de l’énergie de ma journée au grand air. Mais mon courage commence à faiblir une fois la lumière éteinte. Je sais que si j’appelle mes parents, ils ne viendront pas si ce n’est pour me gronder. Donc je ne dis rien et dans ma tête de petite fille, le cauchemar peut alors commencer, s’insinuant sous mes paupières serrées.
J’imagine un loup, tellement noir et monstrueux qu’une fois qu’il a rampé de sous le lit, toute la pièce en est définitivement assombrie. Même si j’appuie sur l’olive de la lampe de chevet, il fait si sombre, il fait si définitivement noir que la luminosité de l’ampoule ne peut trouver son chemin dans cette opacité. Chaque craquement du vieux plancher me fait frémir et j’ai beau calculer le nombre de pas qui me séparent de la porte, je reste pétrifiée au fond du lit, l’édredon rabattu sur ma tête.
Je tremble, je me recroqueville, je sers contre moi mon unique poupée et ainsi tétanisée, je finis par m’endormir.
Puis le matin revenu, réveillée par la luminosité qui filtre par les vieux volets disjoints et attirée par l’odeur suave du chocolat chaud qui monte de la cuisine, je retrouve mon côté bravache et descend du lit, à nouveau confiante et l’esprit clair, prête à courir la journée durant sur les talons de mes cousins et même à écouter de nouvelles histoires rocambolesquement sordides.
Jusqu’à la nuit suivante… »
Longtemps j'ai cauchemardé au sujet de ce foutu loup, symbolique puissante qui touche au sentiment d'insécurité. Et puis un jour, ce rêve/émotion a disparu, sans doute ai-je trouvé en moi suffisamment de ressource pour ne plus avoir à m'inquiéter de ma propre finitude.
A bientôt !
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